AOUST l589.                                    9
noient en effet ou apparence, furent revenus de la joye ou de la surprise qu'avoit causé la mort du Roy, chacun pensa à s'élever ou à se soutenir contre le party con­traire. Il n'estoit pas permis à Paris de se montrer autre que ligueur; les gens de bien y estoient exposés à la perte de leurs vies et de leurs biens, et aux mouvemens d'une populace furieuse et emportée, que les moines, les curez et les prédicateurs excitoient continuellement au sang et au carnage, ne leur prêchant autre Evangile.
Le duc de Mayenne n'osant prendre la royauté pour luy, fit déclarer roy de la Ligue le vieil cardinal Charlet de Bourbon, lors prisonnier à Tours, qui fut nomme Charles x : vray roy de théatre et en peinture, car il n'exerça un seul moment la royauté; ct leduc de Mayenne prit pour luy toute l'authorité, sous le nom dc lieute­nant general de l'Etat et couronne de France : titre nouveau et inconnu dans ce royaume, ct aussy fort mal concerté, à ce qu'aucuns disoient.
Le mardy 8 aoust, le Roy, qui ne pouvoit plus tenir le siege devant Paris, faute d'argent et de munitions, le leva, et prit le pretexte de la conduite du corps du feu Roy à Compiegne, où il le laissa en depost en l'ab­baye de Sainte-Cornille, son armée l'accompagnant comme pour honorer son convoy.
U prit en passant Creil sur la riviere d'Obe, Cler­mont en Beauvoisis, et autres villes; ct en repassant pour aller en Normandie prendre l'argent des receptes et y faire vivre son armée, il s'empara de Mante, de Gisors et autres places, qui resserrèrent merveilleuse­ment les vivres à nos Parisiens.
Le duc de Mayenne écrivit en toutes les provinces et villes du royaume la delivrance de Paris et l'éloi-
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